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Point sur les marchés - 12 décembre 2022

Rédigé par Daniel Varela, Chief Investment Officer | 11 déc. 2022 23:00:00

L’indice S&P 500 se situe toujours en-dessous de résistances techniques importantes. Une potentielle cassure à la hausse de ces niveaux sera déterminée par deux événements majeurs cette semaine, à savoir la publication de l’inflation américaine mardi et les commentaires qui accompagneront la hausse des taux directeurs de la Réserve Fédérale le jour suivant.  

Si l’histoire des réouvertures aux Etats-Unis et en Europe est un guide, la demande refoulée des consommateurs chinois devrait être d’autant plus importante que le confinement a duré près de trois ans au lieu de mois. Ceci devrait être le cas même sans les dépenses encouragées par les chèques de relance américains et compte tenu du ralentissement en cours de l’économie domestique.

Les indices de fonds alternatifs ont connu un bon mois de novembre, avec des progressions d’environ 2% sur le mois. Sur l’année, les performances sont proches de l’équilibre, et se comparent favorablement aux autres classes d’actifs.

 

BNS : un dernier pour la route ?

En ce qui concerne l’agenda des banques centrales, la semaine s’annonce chargée. De nombreuses réunions de politique monétaire doivent en effet se tenir cette semaine dont chez certaines parmi les plus puissantes banques centrales de la planète, à savoir la Réserve fédérale américaine (Fed), la Banque centrale européenne (BCE) et la Banque d’Angleterre. Ce sera également le cas de la Banque nationale suisse (BNS) qui va tenir sa dernière réunion de l’année 2022.

De nouvelles hausses de taux étant anticipées pour l’ensemble de ces instituts d’émission, la surprise ne peut provenir que de l’amplitude des resserrements qui seront annoncés. Après des relèvements de taux particulièrement rapides sur les derniers six mois, et alors que partout la croissance ralentit fortement, des gestes plus prudents semblent se profiler. Car les décisions de politique monétaire impactent l’économie avec un certain décalage qui peut souvent atteindre un semestre voire parfois plus.

Ces banques centrales seront donc sans doute tentées de ralentir la cadence et d’observer si les hausses de taux cumulées remplissent leur objectif qui est avant tout de ralentir l’inflation. La Fed comme la BCE et la Banque d’Angleterre pourraient donc décider de ne relever leurs taux que de 0.5% contre 0.75% lors de leurs dernières interventions. D’autant que le renchérissement a atteint son pic dans la plupart des grandes économies, ou semble en tout cas en être proche en ce qui concerne la zone euro. Pour ce qui est de la Suisse, une hausse de moindre importance (0.5%) est également dans les cartes. Un geste plus prudent se justifie compte tenu de la modération de l’inflation helvétique qui semble comme aux Etats-Unis avoir atteint son sommet en début d’été. On rappellera qu’avec une progression annuelle actuellement de 3%, le renchérissement suisse est beaucoup plus proche qu’en zone euro ou aux Etats-Unis  de la cible de 2% habituellement visée par les banquiers centraux. D’autant que l’inflation sous-jacente, qui exclut les éléments les plus volatils comme l’énergie et les denrées alimentaires, n’a jamais vraiment outrepassé cette fameuse limite de 2% cette année.

Dans ce contexte, il est même légitime de se demander si le resserrement de la BNS cette semaine ne sera pas le dernier pour ce cycle. La prochaine réunion est en effet agendée durant la deuxième quinzaine de mars à un moment qui pourrait bien correspondre au creux conjoncturel tant pour la zone euro que pour la Suisse.

 

Europe : parle-t-on assez de l’impact de la hausse des taux sur l’immobilier ?

L’année 2022 sera marquée comme l’année où l’inflation a fait son retour après 40 ans d’absence. Dans un premier temps la Banque Centrale Européenne (BCE) ne s’est pas inquiétée outre mesure puisque cette reprise de l’inflation provenait essentiellement de facteurs temporaires à savoir l’envolée des prix de l’énergie et de l’alimentation. Mais au final ces pressions inflationnistes se sont avérées moins transitoires que prévu. Ainsi en juillet un resserrement agressif de la politique monétaire a débuté et les taux directeurs sont passés de -0.5% à 1.5% en l’espace de trois mois. Les premiers à être affectés sont les ménages, notamment ceux avec des crédits hypothécaires à taux variable. En regardant de plus près, on constate que l’impact au niveau global va être très différent d’une économie à l’autre. Dans les pays où l’endettement des ménages est faible comme en Europe de l’Est, l’impact sera moindre. De même, l’Allemagne et la France s’en sortent plutôt bien dans ce classement. Les plus exposés sont clairement les pays scandinaves en raison du niveau très élevé de l’endettement des ménages et de la partie importante des crédits hypothécaires à taux variable. A ce propos il faut mentionner que certains acteurs dans l’immobilier, notamment de haut de gamme en Suède, commencent déjà à rencontrer de réelles difficultés. Il est vrai que la BCE pourrait commencer à ralentir son rythme de resserrement monétaire suite à la baisse plus marquée que prévu de l’inflation en novembre. Mais n’oublions pas que cette hausse des taux a été très rapide et qu’il faudra un certain temps pour qu’elle se répercute pleinement. Il est encore trop tôt par conséquent d’écarter le risque de survenance d’accidents financiers dans le secteur de l’immobilier.