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Point sur les marchés - 19 avril 2022

Rédigé par Daniel Varela, Chief Investment Officer | 18 avr. 2022 22:00:00

L’élection présidentielle française semble présenter un risque asymétrique sur l’euro qui est une des monnaies les plus faibles depuis un an. Le risque baissier semble en effet plus important en cas de victoire de l’extrême droite. Face à cette éventualité, nous réduisons une fois de plus le poids de la monnaie unique dans les portefeuilles.  

Le pétrole reste très volatile, tiraillé entre les tentatives des gouvernements de faire baisser la facture énergétique et un marché très tendu. D’un point de vue technique, le baril de Brent est revenu tester les niveaux de USD 100 pour ensuite rebondir fortement. 

Emmanuel Macron reste toujours favori pour remporter l’élection présidentielle. Par ailleurs, une victoire de Marine Le Pen n’est sans doute pas intégrée par les marchés et pourrait conduire à une correction des bourses européennes, notamment des titres français avec une exposition domestique importante, comme les banques et les plus petites capitalisations.

 

Etats-Unis : des chocs plutôt bien amortis

Ce début d’année aura été chahuté pour les bourses américaines. Depuis trois mois, en effet, les incertitudes s’accumulent, brouillent la visibilité quant à l’évolution de l’activité économique et pèsent à la fois sur les anticipations de croissance et sur le moral des investisseurs. Aux craintes concernant l’inflation sont venues s’ajouter les inquiétudes liées au conflit en Ukraine. Mais malgré l’émergence de ces nouvelles menaces, les marchés actions américains n’accusent qu’un recul limité à l’issue du premier trimestre. Est-ce là le signe d’une certaine complaisance de la part des investisseurs ?

Les marchés considèrent, à raison, que les Etats-Unis sont économiquement peu concernés par la crise géopolitique actuelle, notamment en comparaison avec l’Europe. Cependant, cette guerre va certainement nourrir l’inflation déjà extrêmement élevée qui prévaut outre-Atlantique, ou tout du moins retarder une normalisation de l’évolution des prix dans le pays. La détermination de la Réserve fédérale (Fed), qui tente tant bien que mal de remplir la part de son mandat axée sur la stabilité des prix, s’en trouvera encore renforcée. En dépit du resserrement monétaire massif prévu en 2022, avec un relèvement quasi mensuel des taux directeurs, l’inflation ne devrait refluer que graduellement. La cible des 2% visée par la Fed sera ainsi atteinte au plus tôt au premier trimestre 2024, ce qui pourrait saper le moral des consommateurs et freiner les dépenses des ménages, véritable pilier de la croissance américaine.

Si de nouveaux risques apparaissent, d’autres s’estompent rapidement. Aux Etats-Unis, la pandémie de Covid-19 n’est déjà plus qu’un souvenir, et les Américains ont retrouvé leurs habitudes, sans aucune
restriction. Cette dynamique va permettre d’alimenter une croissance encore robuste tout en atténuant les effets de l’inflation galopante et du durcissement de la politique monétaire.

Difficile, dans ce contexte, d’entrevoir une surperformance supplémentaire du côté des indices américains, notamment en raison des valorisations, qui nous préoccupent toujours. Certes, les multiples se sont contractés depuis plusieurs trimestres et les titres du S&P 500 se traitent aujourd’hui à un ratio cours/bénéfices de 19x, contre près de 22x en début d’année. Nous préférons donc maintenir une légère sous-pondération à la région dans notre allocation d’actifs. Mais un dégonflement des valorisations et un début de recul de l’inflation dans le pays pourraient nous inciter à nous montrer plus constructifs à l’égard des valeurs américaines.

 

Chine : des symptômes persistants de Covid

Si l’attention des investisseurs sur les marchés développés est rapidement passée de la pandémie à la guerre en Ukraine, à l’inflation et à la hausse des taux, ce n’est de loin pas le cas pour la Chine, où l’impact du Covid-19 se fait durement sentir deux ans après l’apparition du coronavirus.

La Chine connaît actuellement sa plus grande vague d’infections depuis le début de la pandémie. Bien que le nombre de nouveaux cas ne soit pas inquiétant en termes absolus, la faible immunité de la population due à des vaccins peu efficaces, ajoutée à l’obstination des autorités à poursuivre la stratégie du zéro Covid, ralentit inévitablement l’activité économique à court terme. L’approche de Pékin pour éradiquer le virus s’avérant insuffisante face à la forte transmissibilité du variant Omicron, des villes entières représentant plus d’un tiers de l’économie totale se retrouvent en confinement partiel, et le Covid est redevenu le risque numéro un pour le pays.

Pour atteindre l’objectif de croissance plutôt ambitieux de 5.5% fixé pour l’année en cours, les autorités chinoises devront recourir à des mesures à la fois plus concrètes et plus agressives. Adopter un ton accommodant et agir au coup par coup, comme ce fut le cas jusqu’à présent, ne suffira pas pour réparer les dommages causés à l’économie et, a fortiori, pour rassurer les investisseurs. Après la crise réglementaire auto-infligée de 2021, la confiance des investisseurs reste éminemment fragile, comme en témoigne la volatilité extrême que les actions chinoises cotées aux Etats-Unis ont connue en mars, suite aux menaces de radiation évoquées par le gendarme américain des marchés boursiers.

Si la promesse de soutien faite ensuite par Pékin a temporairement mis un terme à la panique, la visibilité demeure limitée. L’émergence de nouvelles menaçant de ralentir davantage l’économie nous incite à rester prudents, en attendant une clarification confirmée quant à la position du régulateur et un engagement plus convaincant − du type « quoi qu’il en coûte » − de la part du gouvernement chinois.