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Point sur les marchés - 20 février 2023

Rédigé par Daniel Varela, Chief Investment Officer | 19 févr. 2023 23:00:00

Au mois de janvier, la baisse de l’inflation s’est montrée plus modérée. Aux Etats-Unis, même si le reflux des prix continue, les économistes s’attendaient à un recul plus marqué. En Suisse, l’inflation a même rebondi sur le premier mois de l’année. Malgré cette pause, nous estimons toujours que les prix à la consommation devraient rapidement refluer en 2023 et inciter les banques centrales à adoucir leur message. 

Aux Etats-Unis, la résilience du marché de l’emploi et le ralentissement moins fort que prévu de l’inflation américaine entretiennent une nouvelle phase de tension sur les taux obligataires. A ce jour, les rendements à 10 ans restent néanmoins en-dessous du niveau de 4.25% atteint à l’automne. Nous pensons que ce rebond est de nature temporaire.

Suite à de bonnes statistiques économiques américaines, l’or corrige, en ligne avec la force du dollar. Le sentiment à son égard, qui était très optimiste commence à se corriger et nous pensons que la prochaine résistance située à 1’800 $/once devrait tenir.

 

Europe : les planètes se sont enfin alignées pour les banques

Aussi inquiétantes que s’avèrent les perspectives de hausse des taux pour les marchés financiers, notamment les bourses, il y a des bénéficiaires : les sociétés bancaires européennes. En effet, après de longues années de taux d’intérêts négatifs, ce nouveau cycle de hausse des taux amène un très grand souffle aux banques en matière de rentabilité car leurs marges nettes d’intérêt devraient augmenter de manière significative ces prochaines années. Du reste, cela commence à se refléter dans les publications des résultats solides des banques, qui sont salués par les marchés. Le consensus à leur égard ayant été beaucoup trop pessimiste, elles ont tiré parti de révisions bénéficiaires spectaculaires.

Les valeurs bancaires, parmi les plus affectées par le cycle économique, profitent de l’amélioration du sentiment sur les perspectives économiques dans la zone euro. Les raisons sont la chute du prix du gaz depuis l’été dernier et, contre toutes attentes, de la résilience des indicateurs économiques dans un contexte, qui, malgré tout, reste très compliqué. Or, à notre sens, la forte hausse des taux va plus que compenser l’effet de la hausse des crédits douteux suite à la détérioration économique, qui, il faut le préciser reste pour l’instant très contenue. De plus, il faut relever que d’importantes mesures de soutien ont été annoncées par les différents gouvernements européens pour limiter l’impact de la hausse des prix pour les consommateurs, ce qui aura également un effet positif pour les banques. 

Les bourses européennes ont débuté l’année 2023 en trombe et le secteur bancaire en a profité. Deux arguments de poids militent en faveur d’une poursuite de la hausse de ces dernières. Tout d’abord, la valorisation des banques reste extrêmement attrayante puisqu’elles se traitent toujours à un niveau proche des crises de 2008 ou 2011.  La situation actuelle étant différente, les actions bancaires devraient pouvoir bénéficier d’une expansion du multiple. Par ailleurs, elles présentent un potentiel de rattrapage par rapport à la hausse récente des rendements.

Une exposition aux valeurs bancaires européennes fait donc beaucoup de sens : non seulement le secteur sera l’un des plus exposé aux rachats d’actions en 2023, mais il profitera par ailleurs pleinement de la combinaison entre resserrement monétaire et relance budgétaire.

 

Transition climatique : la course aux subventions

La loi américaine sur la réduction de l’inflation (Inflation Reduction Act – IRA), annoncée en août dernier, prévoit près de 400 milliards de dollars de crédits d’impôt et de subventions pour stimuler les technologies vertes aux États-Unis.

Bien que cette législation soit à première vue la mesure la plus agressive prise par le gouvernement américain pour lutter contre le changement climatique, elle vise principalement à rendre les États-Unis plus attractifs en termes d’innovation et de production de technologies vertes telles que l’hydrogène propre, la capture du carbone ou les voitures électriques et leurs batteries.

Les exigences de contenu national qui sont attachées à ces subventions ont une teinte protectionniste. Dans le cadre de l’IRA, les constructeurs de véhicules électriques ne sont éligibles au programme de subventions d’environ 7500 USD par véhicule si, dès 2024, environ la moitié des composants et des produits sont fabriqués ou assemblés aux Etats-Unis.

Face à ces actions discriminatoires, la Commission européenne a annoncé en début février sa riposte intitulée « Plan industriel du pacte vert ». Ce plan vise à renforcer la compétitivité de l’industrie verte en Europe, en assouplissant entres autres les règles en matière d’aides d’État. Si l’efficacité de ce genre de réponse reste discutable, la course aux subventions entre les Etats-
Unis, l’Europe et ses Etats membres est officiellement lancée.

Par ces actions, les gouvernements reconnaissent enfin que les investissements verts ne concernent plus seulement le climat, mais jouent à terme un rôle stratégique dans la souveraineté énergétique, la croissance de l’économie et le marché du travail. Du point de vue de la lutte contre le réchauffement climatique, ces initiatives sont encourageantes et représentent des opportunités pour les entreprises qui participent et contribuent à la transition climatique. Tout cela est aussi une bonne nouvelle pour la Suisse, qui évitera peut-être de devoir déplacer les vacances de ski au mois de janvier dans quelques années.