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Point sur les marchés - 20 mars 2023

Rédigé par Daniel Varela, Chief Investment Officer | 19 mars 2023 23:00:00

La banque centrale chinoise a annoncé vendredi une baisse surprise du taux de réserves obligatoires de 25 points de base. Cette injection de liquidité est bienvenue dans le contexte d’incertitudes du marché financier mondial et confirme sa volonté de relancer la croissance. Un geste d’assouplissement rare pour soutenir la reprise de l’activité et contre-tendance face au resserrement des autres banques centrales.

Profitant des incertitudes, l’or poursuit sa hausse et s’approche des 2’000$/once. Alors que le métal jaune était sans tendance depuis plusieurs trimestres, nous sommes rassurés de voir qu’il réagit bien en cas de choc et remplit encore son rôle de protection des portefeuilles.

Malgré les incertitudes sur les marchés financiers, la Banque Centrale Européenne a décidé de rester focalisée sur l’inflation et a augmenté ses taux directeurs de 50pb à 3%. A l’avenir, elle indique vouloir se baser sur les données économiques pour ses futures décisions, suggérant que les tensions dans le système financier pourraient l’amener à ralentir la cadence de la hausse des taux voire même y mettre fin. 

 

La crise financière évitée ?

C’est avec une certaine gueule de bois que se réveillent les marchés financiers ce lundi matin, après un weekend chargé pour les autorités suisses et les dirigeants des deux plus grandes banques du pays. Un accord aura finalement été trouvé pour permettre le rachat de Credit Suisse par UBS, et ce pour une fraction du prix auquel se traitait encore Credit Suisse à la clôture de vendredi. Cette réaction extrêmement rapide des autorités helvétiques, sous la pression européenne, avait pour but clair de restaurer la confiance des investisseurs et des clients de la deuxième banque du pays. Les garanties et autres lignes de crédit accordées à UBS visent clairement à rassurer le marché et éviter un effet boule de neige sur l’ensemble du secteur bancaire.

Car à la différence de la crise financière de 2008, c’est de confiance qu’il s’agit et non
de la solidité financière des banques. Les ratios de solvabilité des banques suisses et européennes en général témoignent en effet d’une stabilité et d’une solidité des bilans sans comparaison avec la crise financière qui avait secoué les marchés il y a quinze ans. Il semblerait que les actions fortes et rapides tant des autorités américaines que suisses puissent dès lors calmer la panique qui a pénalisé le secteur bancaire durant les dernières séances.

Il serait par contre irréaliste de nier les effets des récents événements sur l’économie mondiale. Une plus grande prudence de la part des établissements bancaires dans l’octroi de crédits est une certitude, ce qui amplifiera encore le ralentissement économique mondial actuel.

Autre certitude, cette crise est clairement déflationniste. Difficile d’en douter en observant la chute du prix du pétrole de près de 12% la semaine passée. En outre, les
banques centrales vont drastiquement revoir les plans de resserrement de leurs politiques monétaires. En particulier, la Réserve Fédérale qui se réunit mercredi, n’a que peu d’options : mettre sur pause la hausse de ses taux directeurs ou opter pour une légère hausse de 25 points de base, alors que le marché anticipait encore 50 points de base de plus avant la faillite de Silicon Valley Bank.

Ce virage de la banque centrale américaine devrait être un soutien de taille pour les bourses et devrait contribuer au retour de la confiance des investisseurs. Les prochains jours seront donc clé pour juger de l’efficacité des mesures et actions mises en place par des autorités qui semblent avoir retenu les leçons de la crise majeure de 2008.

 

Le franc suisse pourrait perdre de son lustre

Les autorités helvétiques ont connu une fin de semaine mouvementée. Il faut reconnaître qu’organiser le sauvetage d’une banque systémique n’est pas une mince affaire. Surtout lorsque les actifs de cette banque représentent pratiquement les deux tiers du Produit Intérieur Brut annuel de la Suisse.

Quinze ans après le sauvetage de l’autre grande banque du pays, cet incident financier attire à nouveau l’attention sur la capacité d’un petit pays, aussi riche soit-il, à assurer la stabilité de deux grandes banques systémiques sur son territoire, au risque peut-être d’y abandonner une partie de sa richesse.

C’est peut-être ce qui explique que le franc suisse est en berne ces derniers jours, alors qu’il fait habituellement partie des valeurs recherchées en période de crise surtout lorsqu’elle est de nature systémique. Les garanties octroyées par les autorités suisses et en particulier des injections de liquidité de la part de la Banque nationale (BNS) sont également de nature à pénaliser le franc sur un plan international. De même, il est probable que la BNS hésite à monter ses taux autant qu’elle l’imaginait il y a encore quelques jours.

Les habituelles grandes devises de réserve des banques centrales pourraient ainsi profiter des déboires du franc. Si le yen japonais s’affirme en cette période d’instabilité, c’est peut-être du côté de l’euro que se dessine une surperformance plus durable.