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Point sur les marchés - 27 février 2023

Rédigé par Daniel Varela, Chief Investment Officer | 26 févr. 2023 23:00:00

Les craintes de récession s’éloignent à grands pas dans la zone euro. L’indice des directeurs d’achat a progressé plus que prévu en février pour se retrouver à un plus haut sur neuf mois. Le fait marquant est le redressement des nouvelles commandes. Les révisions à la hausse de la croissance sur le Vieux- Continent devraient se poursuivre, le consensus ayant été trop négatif jusqu’à présent.

Les dernières nouvelles macroéconomiques au Royaume-Uni surprennent par leur vigueur à l’image des ventes au détail, qui contre toute attente ont progressé, ainsi que la confiance du consommateur qui a rebondi plus que prévu. Il faut cependant relever que les consommateurs commenceront seulement à bénéficier de la baisse du prix du gaz à partir de septembre. En attendant, la récession au Royaume-Uni pourrait être moins sévère que prévu.

Les marchés chinois ont marqué le pas en février après le rallye entamé en novembre. Les inquiétudes récentes concernant un ralentissement mondial et un retour des tensions géopolitiques liées aux « ballons » ont refroidi l’enthousiasme des investisseurs à l’égard de la réouverture. Cependant, la croissance du crédit a été solide et les dernières données indiquent des prémisses de redressement dans l’immobilier. Voilà des raisons de garder une vue optimiste malgré ces prises de bénéfices temporaires.

 

Billet vert : regain de forme durable ?

Depuis le début du mois de février, le dollar américain retrouve des couleurs contre la plupart des devises. Ce rebond n’a rien d’étonnant compte tenu de la forte baisse enregistrée par le billet vert depuis l’automne dernier. Ce recul, particulièrement marqué contre l’euro, s’était accompagné par un effondrement du sentiment des investisseurs à l’égard de la monnaie américaine. Reste à savoir s’il s’agit-là d’un simple rebond technique depuis des niveaux survendus ou bien le début d’une nouvelle phase haussière sur le billet vert ?

Il faut relever que les chiffres économiques américains ont surpris très positivement durant le mois de février et nous confortent dans notre scénario d’atterrissage en douceur de l’économie américaine avant une ré-accélération conjoncturelle au deuxième semestre. Ces statistiques démontrent en effet la résilience de l’activité américaine face au ralentissement conjoncturel mondial, aux conséquences de la guerre et au durcissement des conditions de crédit par la Réserve fédérale (Fed).

Dans ce contexte, les investisseurs tendent à anticiper que les hausses de taux se prolongeront aux Etats-Unis, d’autant que l’inflation ne ralentit pas aussi vite qu’espéré. Malgré cela, nous restons d’avis que le rebond actuel du dollar est plutôt de nature temporaire. Car la Fed sera certainement parmi les premières banques centrales à marquer une pause sur les taux.

La Banque centrale européenne, confrontée à une inflation beaucoup plus élevée qu’aux Etats-Unis, sera en effet tentée de poursuivre la normalisation de sa politique monétaire bien après la pause de la Fed. D’autant plus que l’activité dans la zone euro a finalement assez bien résisté à la guerre en Ukraine et à la crainte d’une crise énergétique hivernale.

De plus, de nombreux indicateurs relèvent un dollar surévalué contre la plupart des devises. C’est notamment ce que pointe le niveau théorique d’équilibre définit par la parité des pouvoirs d’achat. Selon cette méthode, le dollar est actuellement surévalué de plus de 7% contre l’euro (un peu moins contre le franc suisse).

Nous restons donc convaincus qu’après la forte progression enregistrée par le dollar entre janvier 2021 et septembre 2022, d’autres monnaies devraient désormais prendre le relais et se hisser en tête de classement. On pense notamment à l’euro, mais le rattrapage pourrait être plus fort encore pour certaines monnaies périphériques liées aux prix des matières premières, de même que pour certaines devises émergentes.

 

Etats-Unis : le retour de l’inflation sur le devant de la scène

L’indice S&P 500 a achevé sa pire semaine depuis le mois de décembre, en baisse de plus de 2,6%. Alors que les investisseurs semblaient avoir relégué le problème de l’inflation au second plan en ce début d’année, les dernières données économiques nous rappellent que la route est encore longue avant une pleine normalisation de l’évolution des prix à la consommation. En effet, après des chiffres d’inflation supérieurs aux attentes pour le mois de janvier, c’est à présent le déflateur, une autre mesure de l’évolution des prix, qui s’affiche à des niveaux plus élevés qu’anticipé.

Ces indicateurs viennent confirmer que l’économie américaine reste robuste, un peu trop même au goût de la Réserve fédérale, qui risque de durcir à nouveau le ton lors de son prochain rendez-vous du 22 mars. D’autant plus que le marché de l’emploi, largement scruté par Jerome Powell et ses collègues, demeurent très robuste.

Ce n’est donc pas une surprise si les marchés marquent le pas, digérant ainsi la forte progression du mois de janvier. Techniquement d’ailleurs, cette consolidation est saine et ne contredit pas notre thèse d’un nouveau cycle haussier pour le marché des actions américaines. Les dernières publications, si elles sont clairement décevantes, ne remettent pas en cause notre scénario constructif sur les bourses US. La normalisation de l’inflation en 2023 est claire et les probables déceptions en cours de route représenteront autant d’opportunités pour les investisseurs de se repositionner sur les actifs risqués de cette région.