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Point sur les marchés - 8 novembre 2021

Rédigé par Daniel Varela, Chief Investment Officer | 8 nov. 2021 23:00:00

Pfizer a publié des résultats cliniques particulièrement encourageants pour son antiviral contre les formes sévères du Covid-19. Cette molécule pourrait rapidement venir compléter la palette de traitements disponibles contre le virus et précipiter la fin de la pandémie. Les marchés ont salué cette annonce en fin de semaine et les valeurs liées au tourisme ont particulièrement tiré leur épingle du jeu.  

Aux Etats-Unis, les créations d’emploi demeurent extrêmement robustes au mois d’octobre et dépassent une fois encore les prévisions les plus optimistes. Le taux de chômage poursuit ainsi son recul et se rapproche de son niveau précédent la crise sanitaire. Ce sont des bonnes nouvelles pour les bourses, en cette période de l’année particulièrement propice aux dépenses de consommation.  

En Allemagne, les commandes à l’industrie ont progressé de 1,3% sur un mois alors que la production industrielle, toujours impactée par les goulots d’étranglement, a reculé de 1,1% sur le mois de septembre. Dès lors, l’écart entre les deux indicateurs reste proche d’un sommet historique. Avec la normalisation progressive des problèmes logistiques, cet écart devrait se réduire.

 

La Banque d’Angleterre passe son tour

Les grandes banques centrales ont pris l’habitude de communiquer avec une grande transparence quant à l’évolution de leurs politiques monétaires. Oubliées les pratiques du passé où il était fréquent de prendre les marchés par surprise pour obtenir un impact maximum. Dernièrement, les effets d’annonce sont rares et les décisions des banquiers centraux sont largement anticipées par les investisseurs. Ainsi, en Grande-Bretagne, lorsque le président de la banque centrale Andrew Bailey a laissé entendre à la mi-octobre qu’il était temps d’agir, les investisseurs en ont conclu qu’une hausse de taux serait communiquée lors de la réunion du mois de novembre. 

D’où l’énorme surprise provoquée la semaine dernière par l’annonce par la Banque d’Angleterre d’un statu quo sur les taux malgré une inflation qui se redresse nettement et une économie britannique qui  récupère rapidement des problèmes causés par la crise sanitaire et le Brexit. Il est possible que l’institut d’émission britannique, comme d’autres grandes centrales dans le monde, préfère attendre que la planche à billets ait cessé de tourner avant de s’engager dans une phase de remontée des taux.  

Et pour l’instant, les injections de liquidité ne sont pas terminées, puisque le programme d’achat d’actifs ne doit arriver à son terme qu’au mois de décembre. L’impact de cette nouvelle sur les marchés financiers a été conséquent. A commencer par les rendements obligataires qui sont instantanément repartis à la baisse. Un mouvement d’ailleurs pas uniquement limité aux emprunts britanniques, puisque les taux à long terme ont également baissé partout en Europe et aux Etats-Unis. 

Les investisseurs semblent désormais douter de la détermination des grandes banques centrales à normaliser leurs politiques monétaires sur le court à moyen terme. Mais la principale victime de cette reculade de la Banque d’Angleterre a été la livre sterling qui a baissé contre la majorité des devises. Contre euro, la livre a par exemple perdu près de 1% dans les minutes qui ont suivi cette annonce. Ces mouvements nous semblent temporaires tant sur le marché obligataire que sur celui des changes.

Nous restons en effet convaincus que les perspectives économiques et le contexte d’inflation dans le monde justifient un durcissement graduel des conditions de crédit sur les prochains mois. La Banque d’Angleterre est d’ailleurs en avance dans ce processus et fera partie des premières banques centrales à monter ses taux. Ceci à notre sens ne peut que soutenir l’évolution de la livre sur les prochains mois.

 

Climat : une transition complexe

Le Covid a montré les limites de la collaboration face à une crise mondiale. En ce qui concerne la crise climatique, le principe de « responsabilités communes mais différenciées » de l’accord de Paris – l’idée étant que les pays historiquement les plus émetteurs doivent en faire plus – est souvent en conflit avec les intérêts nationaux. 

Certains événements de ces derniers mois ont mis en évidence la complexité de la transition climatique. L’augmentation du prix du pétrole est sans aucun doute une conséquence de la décarbonation, en raison de la restriction de la production et de l’exploration dans le secteur. Toutefois, la demande de pétrole reste élastique. Un prix du pétrole élevé réduira donc la demande, quoique progressivement, et accélérera l’adoption de sources d’énergies alternatives. Chaque visite à la pompe motivera une conversion à une voiture électrique basé sur des considérations économiques, indépendamment de la sensibilité personnelle aux problèmes environnementaux. 

Certains investisseurs, obsédés par la récente hausse du prix du pétrole, semblent avoir oublié les bonnes performances des énergies renouvelables en 2020. Sans parler des prix du carbone et de l’uranium ; le premier, instrument clé de compensation au partage de la responsabilité, et le second, carburant d’une énergie souffrant d’un problème d’image mais en cours de redéploiement dans certains pays. Ces deux thèmes d’investissement ont surperformé celui sur le pétrole depuis le début de l’année. 

En termes de motivation pour lutter contre le changement climatique, certains y voient de simples opportunités d’investissement, d’autres, une partie intégrante des problèmes de santé et de pollution, comme dans le cas de l’Inde ou de la Chine. Face à l’urgence de la question de la transition climatique, toutes les solutions et motivations sont nécessaires pour dessiner une réponse. Une réponse que personne ne s’attend à trouver en deux semaines à Glasgow.