Contrairement à d’autres actifs risqués, le pétrole a peu profité des récents revirements de l’administration américaine sur les droits de douane. Pour l’instant, les incertitudes économiques demeurent importantes, et les investisseurs ont préféré rester prudents vis-à-vis d’un actif aussi étroitement lié à la croissance mondiale. Par ailleurs, l’OPEP a surpris les marchés en annonçant une hausse de production plus rapide qu’anticipé. Alors que le consensus s’attendait à une réduction très progressive des coupes instaurées depuis 2022, le rythme du relâchement a étonné. Ce changement s’explique notamment par des divergences entre membres du groupe, mais aussi par des pressions exercées par les États-Unis, soucieux de contenir les prix de l’essence. Dans ce contexte, le sentiment de marché est désormais très négatif à l’égard du pétrole — un facteur qui pourrait paradoxalement constituer un soutien technique. Par ailleurs, les dernières annonces macroéconomiques nourrissent un regain d’espoir quant à une amélioration de la conjoncture mondiale. La balance entre forces haussières et baissières tend ainsi à s’équilibrer progressivement. Nous anticipons que le prix du baril reste contenu dans une fourchette proche des niveaux actuels — un compromis acceptable pour les producteurs comme pour les consommateurs.
Comme nous nous y attendions, les négociations entre Washington et ses principaux partenaires commerciaux s’intensifient. Un mois après avoir suspendu des droits de douane « réciproques » prohibitifs, Donald Trump a en effet pu annoncer un premier accord important avec son fidèle allié britannique. Cette transaction était probablement la plus facile à conclure, puisque le Royaume-Uni est l’un des rares pays à afficher une balance commerciale relativement équilibrée vis-à-vis des États-Unis. Dans les faits, l’administration américaine a accepté de réduire les droits de douane sur l’acier, l’aluminium ainsi que sur les voitures britanniques, mais une part importante des exportations depuis le Royaume-Uni vers les États-Unis continuera d’être grevée d’une taxe de 10 %. En échange, Londres s’engage à augmenter ses importations de produits agricoles américains.
La conclusion de cet accord est une bonne nouvelle pour d’autres pays cherchant un compromis avec Washington. Toutefois, le maintien de la taxe de base de 10 % semble indiquer un seuil de négociation qu’il sera difficile de remettre en cause. D’autres annonces sont attendues dans les prochaines semaines. Les négociations avec la Suisse progressent, et l’Union européenne continue d’afficher sa volonté de parvenir rapidement à un accord sur ce dossier. Mais l’annonce principale du week-end concerne le réchauffement des relations entre les deux plus grandes puissances économiques mondiales. Washington et Pékin ont en effet convenu de suspendre une partie des droits de douane punitifs pour une période de 90 jours. La taxe sur les produits chinois est ainsi ramenée à 30 % (contre 145 % précédemment), tandis que les droits de douane sur les exportations américaines vers la Chine tombent à 10 % (contre 125 % auparavant). Cette annonce n’est pas surprenante, tant la situation antérieure était devenue intenable. En effet, on assistait à un quasi-embargo réciproque, menaçant les chaînes d’approvisionnement entre deux économies étroitement interdépendantes. Alors que les commandes en vue des fêtes de fin d’année se négocient habituellement à cette période, les États-Unis échappent donc au risque de pénuries sur de nombreux produits importés de Chine.
Ces avancées confirment que le président américain et son administration ne sont pas jusqu’au-boutistes, et cherchent avant tout à obtenir des concessions de la part de leurs partenaires commerciaux. Ces compromis — et ceux qui pourraient suivre rapidement — devraient contribuer à dissiper davantage les craintes d’une profonde récession aux États-Unis et dans le monde. Les marchés financiers ont d’ailleurs salué ces annonces : la reprise se poursuit sur les bourses qui ont pour la plupart renoué avec les chiffres verts depuis le début de l’année 2025.
Correspond à la croissance sur un an des exportations chinoises en avril, nettement supérieure aux attentes malgré les tarifs américains, grâce notamment à un contournement commercial via d’autres économies. Les exportations vers les États-Unis ont chuté de plus de 20 %, tandis que celles vers l’ASEAN (Asie du Sud-Est) ont fortement progressé, illustrant une redistribution des flux commerciaux à l’échelle mondiale.