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Point sur les marchés - 18 novembre 2025

Rédigé par Daniel Steck, Analyste-gérant de fonds | 18 nov. 2025 09:00:00
Suisse : le scénario du pire s’éloigne… 

La semaine passée, Washington et Berne ont conclu un accord ramenant les droits de douane sur les produits suisses de 39 % à 15 %, après plusieurs mois de tensions commerciales. Dans l’espoir d’alléger les pressions considérables sur l’économie helvétique, Berne a consenti à des contreparties, notamment l’abaissement de ses propres droits sur certains produits américains et un engagement d’investissements privés helvétiques aux États-Unis à hauteur de 200 milliards de dollars d’ici 2028. L’impact de cette décision est clairement positif : les exportateurs, notamment horlogers, agroalimentaires et industriels, voient les menaces sur leur compétitivité s’estomper.

Sur les marchés, la réaction a été neutre, signe que l’accord était largement anticipé. Cette absence de volatilité confirme que les investisseurs avaient déjà intégré cette évolution, mais elle n’en diminue pas la portée. On peut en effet espérer un regain d’intérêt des investisseurs pour les valeurs suisses, qui ont largement sous-performé les actions mondiales depuis l’annonce de ces taxes douanières prohibitives en avril dernier.

La Fed sème le doute dans les esprits

Techniquement, les indices actions américains ont progressé la semaine passée. Le Dow Jones a même inscrit un nouveau record historique en milieu de semaine. Pourtant, nous nous trouvons bel et bien dans une situation de consolidation des bourses américaines alors que les signes de tensions sur les marchés s’accumulent. L’indice VIX, qui mesure la volatilité des actions est en hausse et les indicateurs de sentiment des investisseurs se détériore, signe que les marchés semblent fébriles en cette fin d’année.

On aurait pu penser que la fin du plus long « shutdown » de l’histoire américaine réjouirait les bourses. Cependant, la résolution de ce bras de fer entre Démocrates et Républicains n’a pas encore conduit à une normalisation des publications des données et des statistiques macroéconomiques. Pour le mois d’octobre, la mesure de l’inflation, clé pour guider la Réserve fédérale dans sa prise de décision, est tout bonnement passée à la trappe.

Ce manque de visibilité sur l’évolution des prix à la consommation et sur celle du marché de l’emploi perturbe les investisseurs. En l’espace de deux semaines, la probabilité d’assister à une coupe des taux directeurs de la Fed est passée de 100 % à moins de 45 % aujourd’hui. En outre, les dissentions augmentent à l’intérieur du comité de la Fed entre membres propices à la poursuite d’un assouplissement de la politique monétaire et partisans d’une approche plus conservatrice.

Rappelons-nous que la perspective d’un assouplissement significatif de la politique monétaire a été l’un des principaux moteurs de performance pour les actifs risqués américains ces derniers mois. Comme nous l’avons mentionné à plusieurs reprises, la valorisation des actions américaines est généreuse et ne peut être justifiée que par deux facteurs.

Premièrement, une croissance bénéficiaire robuste et supérieure à la tendance, s’accompagnant d’une capacité des sociétés à battre les attentes des analystes. Cette condition est aujourd’hui remplie, et la saison de résultats qui touche à sa fin aux Etats-Unis a largement confirmé la dynamique favorable de « Corporate America ».

Deuxième prérequis pour justifier des multiples de valorisation proche des records historiques sur les trente dernières années : un assouplissement de la politique monétaire de la Fed, considérée par beaucoup, dont le Président Trump, comme encore trop restrictive. C’est cette hypothèse qui vacille aujourd’hui et explique le regain de volatilité sur les actions et les prises de profits observées durant ces dernières semaines.

Nous restons cependant sereins et parions toujours sur une coupe de 25 points de base pour le mois de décembre. En effet, les statistiques relatives à l’inflation et au marché de l’emploi pour le mois de novembre devraient venir rassurer Jérôme Powell et ses collègues en amont de la dernière réunion de l’année de la Réserve fédérale. Une détérioration graduelle de l’économie américaine devrait se confirmer, alors que l’inflation reste contenue, même si elle surpasse toujours les objectifs de la banque centrale américaine. Ce contexte économique reste propice à une poursuite des coupes de taux durant les prochains mois. La consolidation actuelle est donc bienvenue et ne devrait pas, selon nous, dégénérer en une correction des bourses plus marquée.

Chiffre de la semaine : 0.92

Malgré les taux d’intérêts très bas en Suisse, le franc continue de se renforcer et dépasse le seuil de 0.92 contre EUR. Ce niveau n’avait été atteint précédemment qu’au moment de l’abandon du plancher en 2015.