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Point sur les marchés - 20 octobre 2025

Rédigé par Ed Yau, Analyste-gérant de fonds | 20 oct. 2025 12:36:31
Les rendements obligataires proches de leur plancher ? 

Le marché obligataire mondial reste dans une phase d’assouplissement, portée par la reprise des baisses de taux de la Réserve fédérale américaine face au ralentissement du marché du travail et à une inflation jugée maîtrisée. Si une légère détente des taux longs américains reste possible, leur potentiel de repli paraît limité en raison des incertitudes économiques et politiques, notamment sur l’indépendance de la Fed.

En Europe aussi, les marges de détente des taux longs sont faibles. Dans ce contexte, une stratégie privilégiant les obligations de maturité intermédiaire semble appropriée, offrant un équilibre entre rendement et risque de taux. Les obligations d’entreprises de qualité apparaissent plus attractives que les dettes souveraines, notamment en Suisse où les rendements publics sont quasi nuls, tandis que la prudence reste de mise envers les émetteurs à la discipline budgétaire fragile comme le Royaume-Uni ou la France.

A la recherche d’un accord tarifaire

Les marchés asiatiques ont enregistré l’une de leurs meilleures performances de ces derniers mois, avec un rebond de plus de 40 % depuis le point bas en avril. Ce mouvement s’explique principalement par la stabilisation des tensions commerciales et le rallye autour de l’intelligence artificielle, qui soutient particulièrement les places de Taïwan et de Corée du Sud.

En revanche, le rebond du marché chinois a de quoi surprendre, tant il s’inscrit dans un environnement macroéconomique affaibli. Les ventes de détail, les investissements et la construction ont poursuivi leur repli. Les exportations restent également sous pression en raison des tensions commerciales persistantes avec les États-Unis, même si une partie de ce repli est compensée par la vigueur des exportations hors-US.

Sur le plan géopolitique, si les hausses tarifaires se révèlent finalement moins élevées qu’annoncé initialement, les négociations progressent lentement. Le président Xi Jinping conserve plusieurs leviers stratégiques face à Donald Trump, qu’il s’agisse du commerce des terres rares, de ses relations avec la Russie ou la Corée du Nord.

Fidèle à sa tendance récurrente à « se dégonfler » face à ses propres menaces, le président Trump a rapidement mis de côté ses annonces d’une taxe additionnelle de 100 % sur les produits chinois à compter du 1ᵉʳ novembre, en réponse aux restrictions d’exportation chinoises sur les terres rares. Cet épisode illustre une fois encore ses tactiques de négociation à l’approche de la rencontre prévue entre les deux chefs d’État dans deux semaines.

À ce stade, ni Washington ni Pékin ne semblent pressés, ce qui pourrait conduire à une nouvelle prolongation de la trêve tarifaire de 90 jours, arrivant à échéance le 10 novembre.

Sur le plan domestique, les autorités chinoises devraient privilégier des mesures de soutien ciblées afin d’atteindre leurs objectifs annuels. La croissance économique reste conforme aux attentes, rendant une relance de grande ampleur peu probable à ce stade.

Du côté des marchés boursiers, les valorisations se sont redressées, sans toutefois atteindre des niveaux excessifs. Le sentiment des investisseurs s’est amélioré, tout en demeurant mesuré. Après plusieurs années de désaffection, le retour d’intérêt pour les places asiatiques mérite d’être souligné. Dans ce contexte, nous restons constructifs à moyen terme sur la région et recommandons une exposition neutre à la Chine, qui bénéficie à la fois d’un retour du momentum et de la perspective d’un affaiblissement du dollar américain.

Chiffre de la semaine : 15 milliards

C’est la somme que coute l’actuel « shutdown » à l’économie américaine chaque jour, soit un impact d’environ 0,1-0,2 % par semaine sur le PIB du pays. Pour le moment, la paralysie du gouvernement ne semble pas inquiéter les marchés, après vingt jours d’impasse budgétaire entre Démocrates et Républicains.