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Stratégie d'investissement 4e trimestre 2019 | Piguet Galland

Rédigé par Daniel Varela, Chief Investment Officer | 1 oct. 2019 22:00:00

La politique bride le cycle économique

L’optimisme à l’égard de l’économie mondiale s’est nettement émoussé au sein de l’opinion publique, ou du moins parmi les observateurs avertis. Les articles évoquant le risque de récession ont d’ailleurs rarement été aussi nombreux au cours des dernières années. Ce basculement tient au fait que le cycle économique prend de l’âge et bat même des records de longévité dans des pays comme les Etats-Unis, mais il découle également de l’inversion de la courbe des taux américaine, autre signe avant-coureur d’une fin d’un cycle.

De telles craintes nous paraissent toutefois excessives, vu la bonne orientation de la consommation privée. Soutenue par le recul du chômage et la progression des rémunérations, cette dernière se porte partout comme un charme et, pour l’instant, résiste relativement bien à la détérioration du climat dans le secteur manufacturier, où l’impact de la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine commence sérieusement à se faire sentir. Si ces tensions ont ébranlé la confiance des industriels dans le monde entier et provoqué un recul des investissements des entreprises, une désescalade semble néanmoins possible, au moment où Donald Trump entame la campagne en vue de sa réélection à fin 2020. Nouveau foyer de tensions géopolitiques, le Moyen-Orient revient également au centre de l’attention. En effet, l’économie mondiale fragilisée par la guerre commerciale sino-américaine n’est clairement pas en mesure d’encaisser un choc pétrolier.

Face à ces incertitudes politiques, les banques centrales se retrouvent à la manoeuvre, notamment dans les grands blocs économiques. Grâce à une inflation maîtrisée, les taux directeurs repartent un peu partout à la baisse. En outre, la planche à billets a recommencé à tourner ici ou là, et en particulier dans la zone euro, avec l’annonce d’un nouveau programme de rachat d’actifs par la Banque centrale européenne (BCE). Conséquence, les rendements obligataires souverains – en Europe et en Suisse par exemple – ont plongé et touché de nouveaux planchers. On observe même une généralisation des rendements négatifs sur les marchés des capitaux, sauf dans des pays comme les Etats-Unis et l’Italie ou certains segments plus risqués du marché obligataire. Dans ce contexte, nous renforçons la pondération des emprunts de sociétés américaines au sein des portefeuilles, aux dépens des émissions européennes et suisses.

D’autres classes d’actifs offrent une alternative aux rendements déprimés des obligations. Tel est notamment le cas des actions, qui conservent de meilleures perspectives grâce à des valorisations souvent raisonnables en comparaison historique. L’immobilier devrait lui aussi bien performer dans ce contexte. En complément aux fonds immobiliers suisses qui ont trouvé leur place dans les portefeuilles basés en franc, nous introduisons désormais de l’immobilier international dans tous nos profils d’investissement, via un fonds spécialisé. Au niveau des monnaies, la relance agressive annoncée par la BCE pénalisera l’euro à court ou moyen terme et appellera une réaction de la Banque nationale suisse (BNS) pour contenir la force du franc. Dans l’environnement actuel de taux nominaux et réels négatifs en Europe, le dollar devrait pouvoir tirer son épingle du jeu. Les monnaies émergentes conservent également du potentiel, en particulier si l’espoir d’un apaisement des tensions commerciales se concrétise.