L’intelligence artificielle à la croisée des valorisations : entre promesse et réalité
					- 
									
									Le Temps
 - 
									
									Daniel Steck Analyste-gérant de fonds
 
				Les records s’enchaînent sur les marchés technologiques. En quelques jours, Apple a franchi la barre des 4 000 milliards de dollars de capitalisation, Nvidia a dépassé les 5 000 milliards, et OpenAI, l’éditeur de ChatGPT, prépare une introduction en bourse qui pourrait la valoriser à 1 000 milliards dès 2026. Une effervescence qui illustre la puissance du récit autour de l’intelligence artificielle – mais aussi les interrogations qu’il suscite.
Une croissance spectaculaire, mais tangible
Pour Daniel Steck, analyste-gérant de fonds chez Piguet Galland, cette envolée n’est pas dénuée de fondement, du moins pour certaines entreprises :
« La trajectoire parabolique du titre Nvidia ne fait que répliquer celle de ses revenus, multipliés par treize en cinq ans, portés par la demande explosive dans les centres de données et la course à la puissance de calcul. »
Avec une croissance du chiffre d’affaires encore attendue à +60 % en 2026, le marché semble prêt à accepter la valorisation élevée du fabricant de puces, symbole du boom des infrastructures nécessaires à l’IA.
OpenAI, la promesse encore à concrétiser
À l’inverse, OpenAI incarne davantage l’espoir que la réalité économique.
« Cette valorisation est plus problématique, car la société n’est toujours pas rentable, et ses revenus restent modestes, autour de 13 milliards de dollars », souligne Daniel Steck.
Même si Microsoft a récemment validé une valorisation implicite proche de 500 milliards de dollars en prenant une participation de 27%, la rentabilité reste à prouver. La société devra démontrer sa capacité à monétiser ses innovations au-delà du succès de ChatGPT.
Une bulle en formation ? Pas encore
La comparaison avec la bulle internet de 2000 revient souvent. Mais selon Daniel Steck, la situation actuelle est différente :
« Les profits tirés de l’IA sont bien réels pour les entreprises qui participent à l’essor des infrastructures et bénéficient des investissements massifs dans ce domaine. »
Autrement dit, la base économique de cette révolution technologique est plus solide que celle de la spéculation du début des années 2000. Les véritables incertitudes concernent désormais la vitesse et l’ampleur de la monétisation des investissements consentis aujourd’hui.
Auteurs
- 
						
					
						Le Temps
linkedIn - 
						
					
						Daniel Steck cumule près de 25 années d’expérience dans le domaine de la finance. Après une première expérience dans l’analyse financière chez Lombard Odier, notamment sur le secteur de la santé, il a continué sa carrière chez Reyl & Cie, comme analyste et gérant de portefeuille. Il a rejoint Piguet Galland en 2018 comme gestionnaire senior et est en charge de la gestion des différents fonds actions et certificats thématiques sur la Suisse et l’Amérique du Nord.