Point sur les marchés - 14 juillet 2025

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Daniel Steck Analyste-gérant de fonds

Europe : la sentence est tombée
Les tensions commerciales ont une nouvelle fois pris le dessus. L’Europe est désormais ciblée : ses exportations seront taxées à 30 % dès le 1er août. Ce tarif, nettement supérieur à celui annoncé en avril, constitue un durcissement clair de la position américaine. Il marque aussi un revers dans les négociations, sans doute révélateur de l’insatisfaction de Donald Trump face au manque d’avancées. La réponse de l’Union européenne sera déterminante pour la suite des négociations, mais parvenir à une position commune à 27 reste un exercice délicat.
Après le rebond des marchés européens ces derniers mois, cette annonce plus agressive risque de peser sur le sentiment des investisseurs. Sensibles à l’incertitude, les marchés européens pourraient rester volatils dans les semaines à venir, en attendant des clarifications sur ce bras de fer. Dans ce contexte, les secteurs domestiques, comme les banques, le tourisme et les loisirs, semblent les mieux placés. Quoi qu’il en soit, Donald Trump maintient sa politique tarifaire agressive, mais jusqu’où les marchés lui permettront d’aller reste une question ouverte.
Etats-Unis : un manque de visibilité qui incite à la prudence
Avec une chute brutale de plus de 20 %, synonyme de « bear market », et un rebond tout aussi impressionnant, les actions américaines ont affiché une très forte volatilité au deuxième trimestre, tandis que Donald Trump soufflait le chaud et le froid sur les marchés financiers. Annonce de taxes prohibitives sur les importations aux Etats-Unis, octroi in extremis de délais aux partenaires commerciaux, décrets présidentiels à la pelle : le rythme effréné des interventions du gouvernement américain a entraîné une détérioration notable de la visibilité sur les marchés et une augmentation des incertitudes liées à la croissance. En ce début de deuxième trimestre, l’économie semble relativement résiliente, mais les premiers signes de fléchissement sont évidents. Les indicateurs d’activité faiblissent, le marché de l’emploi se détériore lentement, et les économistes ont largement révisé à la baisse leurs prévisions depuis le mois de janvier.
Et pourtant, les indices actions américains ont récemment atteint de nouveaux records historiques, signe d’une certaine complaisance des investisseurs. Cet optimisme exagéré se traduit également par des estimations de croissance des entreprises pour 2025 qui paraissent nettement trop hautes dans le contexte actuel. A ces niveaux, la cote américaine semble bien moins attractive, notamment au regard de la hausse des rendements d’autres actifs tels que les obligations. Difficile par conséquent d’envisager une surperformance significative de l’indice S&P 500 pour les trois mois à venir. Ce troisième trimestre sera en effet celui de l’expiration des délais accordés par Donald Trump à ses partenaires commerciaux pour négocier des « deals ». Il est en outre peu probable qu’un nouveau délai soit accordé par Donald Trump, au-delà de la date butoir du 1er août. L’été pourrait être par conséquent le théâtre d’un nouveau regain de volatilité et d’une reprise des révisions baissières sur la croissance.
A plus long terme, les perspectives s’annoncent déjà plus réjouissantes. Une récession aux Etats-Unis est selon nous toujours aussi peu probable, la Réserve fédérale disposant d’une énorme marge de manœuvres pour assouplir sa politique monétaire et stimuler l’économie. C’est d’ailleurs ce qu’elle s’apprête à faire à la rentrée, pour autant que les taxes douanières ne provoquent pas un rebond sensible de l’inflation, laquelle semble enfin maitrisée.
Compte tenu des échéances importantes à venir et des perturbations qu’elles pourraient causer sur les marchés, nous choisissons de réduire temporairement notre exposition aux actions américaines. Cet ajustement intervient quasiment aux plus hauts historiques des indices, un niveau propice à des prises de bénéfices.
Chiffre de la semaine : USD 123’205
Après un mois et demi de consolidation et une normalisation du sentiment à son égard, le bitcoin repart à la hausse et franchit un nouveau record historique. Il bénéficie du soutien de la nouvelle administration américaine qui veut s’assurer que les Etats-Unis seront à la pointe du développement technologique associé à l’essor des monnaies numériques.
Auteur
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Daniel Steck cumule près de 25 années d’expérience dans le domaine de la finance. Après une première expérience dans l’analyse financière chez Lombard Odier, notamment sur le secteur de la santé, il a continué sa carrière chez Reyl & Cie, comme analyste et gérant de portefeuille. Il a rejoint Piguet Galland en 2018 comme gestionnaire senior et est en charge de la gestion des différents fonds actions et certificats thématiques sur la Suisse et l’Amérique du Nord.