Point sur les marchés - 27 octobre 2025
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Daniel Varela Chief Investment Officer
Or : une pause salutaire après une envolée historique
Après neuf semaines consécutives de hausse — une première depuis plus de cinq ans — le cours de l’or a marqué une pause. Cette envolée, alimentée davantage par l’enthousiasme que par des nouvelles fondamentales, a conduit à un excès d’optimisme. Depuis une dizaine de jours, le métal jaune a corrigé de près de 8 %, un repli bienvenu pour assainir le marché. Toutefois, en l’absence de nouvelles fondamentales négatives, nous ne pensons pas que notre thèse positive à moyen terme soit mise en doute. Depuis deux ans, l’or évolue par cycles : hausses de 2 à 3 mois suivies de consolidations plus longues. A notre sens, une nouvelle phase de digestion s’amorce et devrait permettre au marché d’absorber les excès récents. Avec une performance de plus de 50 % depuis le début de l’année, l’or reste l’un des actifs les plus performants, même s’il devait stagner d’ici fin décembre.
BNS : Transparence accrue et vigilance sur le franc suisse
Depuis plusieurs années, la Banque nationale suisse (BNS) a progressivement fait évoluer sa philosophie en matière de communication, adoptant une approche marquée par une transparence accrue. Cette transformation vise à renforcer la crédibilité de la politique monétaire et à réduire l’incertitude des marchés. Les interventions verbales, autrefois rares et prudentes, sont désormais plus fréquentes et explicites, traduisant une volonté de mieux guider les anticipations des investisseurs.
Cette pratique vient encore d’évoluer puisque, dorénavant, et à l’image de certaines de ses homologues, la BNS publiera un compte-rendu des discussions qui se sont tenues durant ses séances de définition de la politique monétaire.
Dans son premier compte-rendu publié récemment, la BNS a commenté les taxes américaines et a insisté sur un point sensible : la force persistante du franc suisse. Malgré l’écart de taux croissant entre la zone euro et la Suisse, ainsi qu’entre les États-Unis et la Suisse, la devise helvétique continue d’attirer les flux en quête de sécurité, se négociant à des niveaux proches de ses sommets historiques. Cette situation alimente les inquiétudes quant à la compétitivité des exportations et à la stabilité des prix, deux piliers de la stratégie monétaire suisse.
Face à ce contexte, le risque d’intervention sur le marché des changes s’est indéniablement accru. Si la BNS maintient officiellement une posture de flexibilité, la probabilité d’achats de devises étrangères pour freiner l’appréciation du franc ne peut être écartée, surtout à l’approche du seuil critique de 0,92 contre l’euro, évoqué dans des échanges récents. Cette vigilance s’inscrit dans une logique de préservation des conditions monétaires favorables à l’économie domestique.
Enfin, il convient de souligner un élément diplomatique majeur : la signature d’un accord avec le Trésor américain visant à garantir que ces éventuelles interventions ne soient pas assimilées à des manipulations de change. Cet engagement bilatéral illustre la volonté de la Suisse de concilier ses impératifs monétaires avec les exigences de transparence et de coopération internationale, consolidant ainsi sa réputation de place financière stable et respectueuse des règles.
Chiffre de la semaine : 3 %
L’inflation américaine pour le mois de septembre a été révélée avec du retard en raison du « shutdown ». Le chiffre annoncé est une bonne surprise pour les marchés, alors que la progression des prix à la consommation ralentit par rapport au mois précédent. La voie est donc toute tracée pour la poursuite d’un assouplissement de la politique monétaire.
Auteur
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Diplômé de l'Université de Genève en Gestion d'entreprises, option Finance, Daniel Varela a débuté sa carrière en 1989 en tant que gérant obligataire. Il rejoint la Banque Piguet & Cie en 1999 en tant que Responsable de la gestion institutionnelle également en charge de l'analyse et de la gestion obligataire de la Banque. En 2011, il est devenu Responsable de la stratégie d'investissement et du département des investissements de Piguet Galland. Il a rejoint le Comité de Direction de Piguet Galland en janvier 2012 en tant que Chief Investment Officer.