
Hedge Funds : une gestion du risque payante.
La rotation des bourses, hors des secteurs de croissance durant la deuxième moitié du premier trimestre, a forcé l’industrie à devenir plus défensive, en diminuant son exposition brute et nette. Rétrospectivement, cet ajustement a été le bienvenu au vu de la réaction des marchés à l’annonce des tarifs douaniers américains. En effet, alors que les indices ont baissé de près de 15 % à la suite de ces annonces en avril, les fonds alternatifs ont bien résisté et corrigent de moins de 5 % au plus bas. La discipline rigide que les gérants s’imposent fonctionne donc, même si cela a limité la participation lors du rebond qui a suivi. Et sur l’année, leur performance est très proche de celle des marchés actions.
De plus, les opportunités de générer des performances attractives sont nombreuses. Par exemple, la diversification géographique fonctionne de nouveau. De plus, elle est accompagnée par une faible corrélation entre les secteurs, ouvrant ainsi des possibilités d’arbitrages. Nous trouvons intéressant de se diversifier, à la fois géographiquement et par type de stratégie, avec une exposition importante hors de la technologie américaine, où nous estimons que les inefficiences sont plus importantes, les investisseurs commençant seulement à s’y réintéresser.
Etats-Unis : une détérioration de plus en plus marquée de la visibilité
Le mois de mai a été marqué par une certaine désescalade de la guerre commerciale entre les États-Unis et ses divers partenaires. Des accords ont été conclus avec le Royaume-Uni et la Chine, et des discussions sont en cours avec l’Europe afin de trouver des compromis permettant de limiter les droits de douane imposés par les USA sur toutes leurs importations.
Toutefois, ces « négociations » semblent pour l’heure chaotiques, rythmées par les revirements incessants de Donald Trump. Les périodes de désescalade font place à de nouvelles menaces du Président américain à un rythme effréné. Taxes sur l’aluminium et l’acier, sur les smartphones fabriqués hors des États-Unis et menaces de droits de douane de 50 % appliqués à l’Europe lorsque les tractations sont trop lentes au goût de Monsieur Trump. Les décrets sont quotidiens et viennent drastiquement détériorer la visibilité dont ont tant besoin les marchés financiers. A ces gesticulations présidentielles viennent, à présent, s’ajouter les décisions de cours de justice qui tentent de limiter les abus de pouvoir du Président américain. Décisions de justice immédiatement suivies d’appels prononcés par des juges dont on questionne de plus en plus l’impartialité.
Certes, la performance des bourses au mois de mai est bien plus agréable pour les investisseurs, avec un rebond extrêmement rapide des indices actions américains. Le S&P 500 bondit de 6,2 % et les valeurs technologiques se sont appréciées de près de 10 %. Mais bien que plaisant, ce mouvement des bourses est tout aussi anormal que la chute drastique des mois de mars et avril, qui avait plongé les principaux indices américains en « bear market ».
L’incertitude reste élevée au niveau des marchés financiers, mais elle l’est tout autant pour les entreprises commerçant aux ou avec les Etats-Unis. Cette perte de visibilité a d’ailleurs conduit à une prudence marquée lors des communications des objectifs de croissance pour les prochains trimestres… quand ces objectifs n’ont pas été tout simplement abandonnés.
Si les investisseurs s’habituent progressivement à un nouveau régime de volatilité, au fur et à mesure que la crédibilité de Donald Trump décroît, le contexte actuel ne permet pas de se positionner sur les marchés avec des paris marqués. Nous continuons de préconiser une diversification maximale sur les marchés actions et un biais sectoriel neutre afin de naviguer au moins à travers cette période d’incertitudes.
Chiffre de la semaine : 35
Indique le nombre d’années écoulées depuis que le marché américain a enregistré une performance boursière aussi solide au mois de mai. L’adage classique « Vendez en mai et restez à l’écart » ne s’est donc pas confirmé cette année.
Auteur
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Daniel Steck cumule près de 25 années d’expérience dans le domaine de la finance. Après une première expérience dans l’analyse financière chez Lombard Odier, notamment sur le secteur de la santé, il a continué sa carrière chez Reyl & Cie, comme analyste et gérant de portefeuille. Il a rejoint Piguet Galland en 2018 comme gestionnaire senior et est en charge de la gestion des différents fonds actions et certificats thématiques sur la Suisse et l’Amérique du Nord.