Dépréciation du dollar : entre diversification globale et opportunité stratégique pour les États-Unis

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Daniel Varela Chief Investment Officer
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Le Temps

Le billet vert vacille, les investisseurs s'adaptent. Le point de vue de Daniel Varela, CIO de Piguet Galland, sur les dynamiques profondes qui redessinent l'équilibre monétaire mondial.
Ces derniers mois, le dollar a connu une dépréciation marquée. Un phénomène qui, bien que bénéfique à court terme pour les ambitions industrielles américaines, reflète des tensions structurelles bien plus profondes. Daniel Varela, Chief Investment Officer chez Piguet Galland, a partagé son analyse dans une récente intervention dans le quotidien Le Temps.
La politique américaine, facteur d'incertitude
Les politiques commerciales menées par l’administration Trump suscitent des interrogations croissantes chez les investisseurs institutionnels, et notamment les banques centrales, qui détiennent d'importantes réserves de change en dollars. Cette incertitude les incite à intensifier leurs stratégies de diversification, en réduisant leur exposition au dollar et en renforçant leurs mécanismes de couverture (hedging).
Comme le souligne Daniel Varela, cette dynamique n’est pas nouvelle. « En 2022 déjà, le gel des réserves russes après l’invasion de l’Ukraine avait encouragé des pays comme la Chine ou l’Inde à alléger leurs avoirs en dollars. Mais en avril 2025, le mouvement s’est amplifié. »
Une faiblesse structurelle
Historiquement, le dollar a traversé plusieurs périodes de faiblesse, notamment après la bulle internet ou lors de la crise financière de 2008. Mais cette fois, la baisse semble avoir des causes structurelles. Outre un ralentissement de l’économie américaine, plusieurs facteurs entrent en jeu : une inflation plus élevée que dans les autres pays développés, un double déficit – budgétaire et commercial – et la remise en question de corrélations monétaires bien établies.
« Le différentiel de taux entre les États-Unis et l’Europe ne joue plus en faveur du dollar comme par le passé », précise Daniel Varela. Cela remet en cause un mécanisme qui, jusqu’ici, permettait aux États-Unis d’attirer les capitaux étrangers.
Des conséquences mondiales
Si un dollar faible favorise les exportations américaines et soutient les ambitions de réindustrialisation, il complique la donne pour les partenaires commerciaux. Les entreprises européennes, et suisses en particulier, doivent faire face à une double pression : la hausse des prix relatifs de leurs produits aux États-Unis et les droits de douane, difficilement transférables aux consommateurs finaux.
À moyen terme, cela pourrait modifier les chaînes de valeur mondiales, certaines entreprises étant incitées à relocaliser une partie de leur production aux États-Unis.
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Auteurs
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Diplômé de l'Université de Genève en Gestion d'entreprises, option Finance, Daniel Varela a débuté sa carrière en 1989 en tant que gérant obligataire. Il rejoint la Banque Piguet & Cie en 1999 en tant que Responsable de la gestion institutionnelle également en charge de l'analyse et de la gestion obligataire de la Banque. En 2011, il est devenu Responsable de la stratégie d'investissement et du département des investissements de Piguet Galland. Il a rejoint le Comité de Direction de Piguet Galland en janvier 2012 en tant que Chief Investment Officer.
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