Point sur les marchés - 16 juin 2025

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Daniel Varela Chief Investment Officer

La reprise du dialogue accueillie positivement par les marchés.
Les discussions sino-américaines tenues la semaine dernière à Londres ont permis de raviver une trêve commerciale fragile. Ce nouvel accord-cadre, à exactement un mois de leur rencontre en Suisse, vise à mettre en œuvre le consensus de Genève, avec Pékin s’engageant à accélérer les livraisons de terres rares et Washington à assouplir partiellement ses restrictions sur les exportations de semi-conducteurs. Si la fermeté stratégique du président Xi semble efficace face aux pressions de Donald Trump, les tarifs demeurent inchangés : 55 % sur les produits chinois entrant aux États-Unis (dont 25 % du premier mandat Trump) et 10 % sur les exportations américaines vers la Chine. Le conflit commercial semble loin d’être résolu avec le déséquilibre structurel de la balance commerciale. Malgré ce statu quo, les marchés en Asie ont salué la reprise du dialogue, en dépit des tensions persistantes au Moyen-Orient. Prochaine échéance cruciale : le 10 août, date de fin de la trêve tarifaire de 90 jours.
Nouvelles incertitudes géopolitiques
Les risques géopolitiques mondiaux évoluent décidément à des niveaux particulièrement élevés cette année. Entre la guerre en Ukraine, la guerre commerciale initiée par le président américain avec la plupart des partenaires commerciaux des Etats-Unis, les tensions persistantes entre l’Amérique et la Chine, et les instabilités chroniques au Moyen-Orient, l’attaque récente d’Israël contre des installations nucléaires iraniennes s’inscrit dans une dynamique préoccupante. Cet événement fait craindre un embrasement régional.
Toutefois, malgré la gravité potentielle du conflit, l’impact économique global reste, à ce stade, contenu. L’élément central de cette résilience est le prix du pétrole, qui constitue la principale courroie de transmission entre un choc géopolitique et un choc économique mondial. En effet, une envolée des cours du brut affecte directement les coûts de production, alimente l’inflation et pèse sur la demande des ménages. Inversement, tant que les prix demeurent maîtrisés, l’économie mondiale peut absorber les tensions sans basculer dans une crise.
Aujourd’hui, les marchés pétroliers restent relativement stables. Après un sursaut en fin de semaine, le baril de Brent se stabilise autour de 75 dollars, loin des pics observés lors de précédents chocs. Cette stabilité tient largement à la surcapacité de production disponible, notamment aux États-Unis (grâce au pétrole de schiste), en Arabie saoudite et dans d'autres pays producteurs, qui permet de compenser une éventuelle baisse de l’offre iranienne. Un seul événement serait susceptible d’inverser cette dynamique : un improbable blocage par l’Iran du détroit d'Ormuz. Plus de 20 % de la production mondiale de pétrole transite quotidiennement par cette étroite voie maritime stratégique. Toute interruption durable du trafic y entraînerait un choc d’offre majeur, provoquant une flambée immédiate des prix et un stress sur les chaînes d’approvisionnement énergétiques mondiales.
Pour l’heure, les marchés financiers restent prudents mais globalement calmes. Les indices boursiers ont accusé une légère correction initiale, principalement par effet de précaution, mais aucune réaction de panique n’a été observée. Les spreads de crédit et les taux souverains restent contenus, et les valeurs refuges comme l’or ou le dollar n’ont enregistré que des mouvements modérés. En somme, tant que l’intégrité du détroit d’Ormuz est préservée et que les prix du pétrole restent sous contrôle, le risque économique mondial reste contenu, malgré l’élévation manifeste du risque géopolitique.
Chiffre de la semaine : 0 %
Ce jeudi, la Banque Nationale Suisse devrait logiquement annoncer une nouvelle baisse de son taux d'intérêt directeur, pour atteindre le niveau de 0 %. L'inflation, inexistante dans le pays, est la principale motivation de ce mouvement, qui pourrait ouvrir la voie à une nouvelle période de taux négatifs, plus tard cette année.
Auteur
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Diplômé de l'Université de Genève en Gestion d'entreprises, option Finance, Daniel Varela a débuté sa carrière en 1989 en tant que gérant obligataire. Il rejoint la Banque Piguet & Cie en 1999 en tant que Responsable de la gestion institutionnelle également en charge de l'analyse et de la gestion obligataire de la Banque. En 2011, il est devenu Responsable de la stratégie d'investissement et du département des investissements de Piguet Galland. Il a rejoint le Comité de Direction de Piguet Galland en janvier 2012 en tant que Chief Investment Officer.