Point sur les marchés - 9 décembre 2025
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Daniel Varela Chief Investment Officer
Pétrole : un support qui intrigue
Les signaux négatifs s’accumulent pour le pétrole : les stocks mondiaux progressent, la probabilité d’une paix prochaine en Ukraine semble s’éloigner et la reprise domestique chinoise tarde à se matérialiser. Pourtant, le Brent résiste au-dessus de 60 $ par baril, après une baisse de plus de 50% depuis ses sommets de 2022. Plusieurs facteurs contribuent à cette bonne tenue : un changement de ton de l’OPEP, qui renonce à augmenter sa production, et des capacités d’offre supplémentaire limitées. De plus, le sentiment des investisseurs reste très négatif, avec un positionnement très prudent, signe que les mauvaises nouvelles sont déjà intégrées. Si les perspectives de croissance mondiale s’améliorent, quelques signaux positifs suffiraient à déclencher un rebond marqué des prix. Nous recommandons de rester vigilants : dans un marché où le pessimisme domine, la moindre éclaircie pourrait créer des opportunités.
La Fed en soutien du rallye de fin d’année ?
Les débats internes au sein du collège des gouverneurs de la Réserve fédérale (Fed) ont été mis en lumière il y a quelques semaines, lorsque le shutdown du gouvernement américain avait temporairement interrompu la publication d’indicateurs économiques clés. Privés de données complètes sur l’évolution de l’activité, du marché du travail ou encore sur la dynamique de l’inflation, plusieurs membres du FOMC avaient alors exprimé des divergences sur le calendrier et l’ampleur de l’assouplissement monétaire. Certains gouverneurs plaidaient pour une pause afin d’éviter d’assouplir trop rapidement la politique monétaire, tandis que d’autres estimaient urgent de soutenir l’économie face aux premiers signes de ralentissement.
Depuis la fin du shutdown, la reprise normale des publications statistiques — modération de l’inflation sous-jacente, marché du travail moins tendu et indicateurs d’activité en léger repli — a permis de clarifier le diagnostic conjoncturel. Ces données plus lisibles confortent l’orientation accommodante de la Fed et justifient pleinement une nouvelle réduction de 25 points de base cette semaine.
Dans ce contexte, l’annonce d’un nouvel assouplissement monétaire devrait créer un environnement favorable à un rallye de fin d’année sur les marchés actions, en particulier du côté de Wall Street. D’autant plus que la consolidation boursière observée en novembre a permis de « nettoyer » les excès d’optimisme accumulés depuis plusieurs mois, lesquels commençaient à peser sur la dynamique haussière de la Bourse américaine. Cela pourrait ainsi conduire les grands indices à terminer l’année sur de nouveaux records historiques, soutenus par la perspective d’une politique monétaire durablement favorable et par l’amélioration progressive des perspectives macroéconomiques pour 2026.
Néanmoins, si ce scénario bénéficie clairement aux actions, l’impact sur le marché obligataire apparaît plus incertain. On observe en effet que le rendement à 10 ans des bons du Trésor américains reste élevé et peine à retomber sous le seuil symbolique de 4 %. Plusieurs facteurs expliquent cette résistance : d’une part, les investisseurs expriment des craintes persistantes quant à l’inflation à long terme ; d’autre part, la hausse des émissions de dette publique et l’ampleur des déficits fédéraux maintiennent une offre abondante de titres, ce qui limite la baisse des rendements. Autrement dit, la politique monétaire accommodante de la Fed soutient la dynamique des marchés actions, mais ne garantit pas un recul marqué des taux longs.
Chiffre de la semaine : 0%
A fin novembre, l’inflation suisse s’inscrit à 0% sur un an. Ce contexte de stabilité des prix ouvre la voie à des taux durablement bas qui devraient favoriser les actifs financiers suisses. Par ailleurs, la BNS conserve une marge de manœuvre pour contrer une appréciation non souhaitée du franc suisse.
Auteur
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Diplômé de l'Université de Genève en Gestion d'entreprises, option Finance, Daniel Varela a débuté sa carrière en 1989 en tant que gérant obligataire. Il rejoint la Banque Piguet & Cie en 1999 en tant que Responsable de la gestion institutionnelle également en charge de l'analyse et de la gestion obligataire de la Banque. En 2011, il est devenu Responsable de la stratégie d'investissement et du département des investissements de Piguet Galland. Il a rejoint le Comité de Direction de Piguet Galland en janvier 2012 en tant que Chief Investment Officer.